Marie-pierre Duquoc, artiste art visuel, fait naitre des récits individuels et collectifs sur le travail, les parcours, les expériences et relations professionnelles en créant, avec les personnes concernées, des formes symbolisantes, artistiques (illustrations, performances, objets…).
Les illustrations du site de la Ma.FEST sont issues de l’intervention « Chant’Yé ! » menée au sein d’un chantier d’insertion. Emmanuelle Begon, coordinatrice de la Ma.FEST a pu observer et analyser cette intervention. Un article de recherche en a découlé : « Réflexivité et capabilité, la part de la création dans l’activité », Begon E., Mairesse P., Éducation Permanente n°196 (Voir espace ressource)
Chant’Yé ! s’amorce en janvier 2012 par une enquête dans le Chantier d’insertion APAJH, AFIC Créafibres, à Coulaines. Les activités du chantier (travaux de broderie, confection, couture machine, couture main, création individuelle et collective, défilé, essayage, pliage, préparatifs au défilé, repassage, réunion, tri, rangement, vente…) sont autant de supports à la re-construction d’un projet professionnel. L’atelier accompagne douze femmes dans la mise au travail, organisé autour d’une activité de une friperie créative, de conception d’un prêt-à-porter basé sur le recyclage. En dialogue avec la chef d’atelier, Marie-pierre Duquoc va venir « faire parler le travail » : le travail de production du chantier et le travail de recherche…de travail ! Pour ce faire, Marie-pierre crée une situation : elle leur passe une commande, celle de son « habit de scène » pour ses performances artistiques. Cette commande lui fournit un cadre d’observation et d’élaboration pour collecter des récits et expériences de travail, et pour les mettre en discussion.
Pendant le suivi de confection, l’artiste observe le chantier, les gestes de couture, l’organisation du travail et de la communauté dans le travail. Elle enregistre les échanges autour de la réalisation du vêtement, prend des photos, des notes. L’encadrante technique porte et raconte les enjeux de l’insertion, ses contraintes en matière d’objectifs et son pari basé sur la créativité comme facteur d’insertion par la valorisation de soi. Elle initie l’artiste au vocabulaire des politiques de l’emploi et de la formation et son abondante ressource d’acronymes qui seront sources d’inspiration.
Marie-pierre conclura cette étape d’enquête et d’observation par la mise en récit et en image du parcours professionnel de chacune de ces femmes via la réalisation de foulards.
Elle élabore pour cela un lexique de pictogrammes, comme autant de chroniques des activités des femmes sur le chantier. À l’aide de symboles typographiques, point d’exclamation, point d’interrogation, parenthèse et flèches directionnelles, l’artiste réalise des motifs pour évoquer les états émotionnels et situations traversées par ces femmes toujours à la recherche d’un emploi entre hésitation, surprise, enthousiasme, doute, perplexité, étonnement, attente, ennui, incertitude, etc. Ces motifs s’inspirent et font écho à leurs cultures et leurs esthétiques.